lundi 8 février 2010

Pistolets épistolaires


J'aurais aimé vivre au temps où l'on dégainait des missives enflammées à de lointains correspondants. Au temps où on s'asseyait bien tranquille, sur le coin d'un pupitre, et qu'on s'appliquait à écrire à quiconque des heures durant. La correspondance épistolaire s'est perdue au fil du temps et j'en suis bien navrée. Plus personne ne prend le temps de s'écrire ce qu'il ressent vraiment, avec tout le recul qu'une lettre bien rédigée peu apporter. Jouer avec les mots et langue française pour faire de notre lettre une chanson en papier. Quelques lignes dans un courriel brisent toute la magie d'un seul clic de souris. C'est facile. Plus personne ne liche d'enveloppe, plus personne ne se déliche d'une lettre si attendue. La messagerie instantanée, notre attention divisée entre six destinataires. La vie de 377 personnes étalée sur un réseau social. Plus rien d'inattendu, à l'ère de l'express-communication. Et pourtant, j'ai jamais vu les gens être aussi peu écoutés.

Le gentil facteur qui ne voit que la moue des gens qui ouvrent leur boîte aux lettres, déçus de n'y découvrir que de trop lourdes factures. Aucune lettre avec le sceau d'une royauté oubliée ou inexistante. Aucune lettre d'un lointain cousin, d'un amoureux timide, d'une princesse inconnue.

En même temps, quiconque découvrirait une lettre écrite à la main dans sa boîte aux lettres, trouverait ça affreusement dépassé et serait sceptique quant à la santé mentale du correspondant. Ou quant à sa qualité de voyageur temporel. Une lettre de Doc Brown entrainerait une symphonie de froncement de sourcils.

J'aimerais bien que Doc Brown m'écrive du fin fond du Far West, moi.