Il n'y a plus assez d'hommes-grenouilles en ce bas monde. Ceux qui sautent dans notre coeur d'un seul bond. Ils s'appellent Simon ou Gédéon, mais se présentent sous bien d'autres noms. Ils sont un peu verts, très taquins, sans ne jamais être méchants. Ce sont des hommes intelligents, à l'esprit divergent. Nonchalants, ils se déplacent pourtant efficacement, mais pas gracieusement. Ce sont des trésors bien enfouis sous la mer. Et moi, il y a longtemps que je ne me baigne plus. Que je n'entends plus le bruit de leurs palmes.
Mais parfois, les hommes-grenouilles reviennent patauger dans mes larmes. J'essaie de les retenir, mais ils s'écrasent au bas de la cascade, jusqu'au prochain torrent.
Il faudrait que j'apprenne à nager. Autrement qu'en p'tit chien. Que je me trempe. Et m'éclabousse. Tant pis si je me fracasse le coeur sur des rochers.
Je veux retrouver un homme-grenouille.