jeudi 19 février 2009

Conspiration Dentaire

Je hais les dentistes. Voilà, c'est dit. Ces petits êtres capitalistes, docteurs du crime, qui se payent des lamborghinis à coups de traitements de canal. Ces viles et sournoises personnes qui nous vident les poches à grands coups de fluor. Armés de leurs désagréables subalternes, les hygiénistes dentaires, ils tentent de nous convaincre que de se faire plomber la bouche en entier est la meilleure chose qui puisse nous arriver. Je ne suis pas dupe, je sais bien ce qu'ils cherchent, au fond. Ils tentent de dominer le monde. Ils sont bien mieux organisés que Minus et Cortex. Ils extraient notre sagesse, nous transforment en véritable machine à tuer en nous posant des mines dans la bouche, ils nous gèlent les babines pour qu'on ne puisse pas dévoiler leurs plans à la face du monde. Ils nous posent des facettes et des dentiers pour pas que nos empreintes dentaires aident à nous identifier après le carnage. Ils font une "radiographie" de nos dents afin de faire fondre notre cerveau. Je sais tout.

Je les ai déjoués. J'ai refusé le plan de traitement de mon dentiste. J'aurai bientôt les dents noires, je vais manger mou, mais je ne serai pas une arme de destruction massive, oh non. Il ne me reste plus qu'à mettre en place une cellule anti-domination des dentistes pour contrer leurs plans diaboliques. Où est Jack Bauer quand j'ai besoin de lui ?

lundi 16 février 2009

Javelliser

Aujourd'hui, j'ai fait ma lessive. J'en ai profité pour glisser mon coeur à travers ma brassée de vêtements blancs, parce qu'il devenait de plus en plus gris. J'ai ajouté beaucoup d'eau de Javel, pour faire partir les taches d'amertume.

Résultat ? J'ai le coeur tout blanc, tout immaculé, avec une fraîche odeur de naiveté.

Je suis propre. Je sens fort.

dimanche 15 février 2009

Xénon

Perdue dans un monde à la fois complexe et simple, je cherche à comprendre le mode de pensée des humains. Complexe ou simple ? Certains apparaissent devant nous comme un livre ouvert qu'il est facile de parcourir et de saisir. Une personnalité en ligne droite, déchiffrable après quelques coups d'oeil. D'autres, par contre, se montrent (ou se cachent) sous un amalgame de caractéristiques complexes, de lignes entremêlées. On se casse la tête, on fronce les sourcils, on se peint un gros point d'interrogation sur le front pour tenter de les comprendre ou leur démontrer qu'on fait partie de la même tribu. En vain. D'un autre côté, on se lasse vite des gens trop simples. Ils sont bien gentils, mais un peu ennuyants. Les gens complexes, quant à eux, bien que franchement divertissants, peuvent nous causer un anévrisme à force de trop s'acharner à vouloir les comprendre.

J'aimerais trouver le juste milieu entre le complexe et le simple. Du divertissement sans les tortures mentales. Quand je colle les mots complexe et simple ensemble, tout ce que j'obtiens comme juste milieu, c'est un gaz.

compleXEsimple.
XE. Xénon.

Le Xénon, le juste milieu entre le complexe et le simple ? Un gaz serait la solution ?

Élément chimique numéro 54. En excluant l'hélium, qui de toute façon a un effet eunuque sur chaque mâle, le xénon serait le plus rare, et aussi le plus cher des gaz. Le xénon, du dérivé grec "xénos", signifie "étranger." Pendant longtemps, la plus grande qualité du xénon a été son inactivité chimique. Il existe seulement à l'état de traces dans notre atmosphère terrestre. Serait-ce donc impossible, ou du moins extrêmement rare, d'en arriver au juste milieu entre la complexité et la simplicité ? Serait-ce comme vouloir ajouter un corps étranger à la nature humaine ?

On utilise notamment le xénon dans les phares de nuit des voitures, pour ne pas éblouir les voitures en sens inverse. Je sens le besoin d'être éblouie, mais pas aveuglée... Le xénon n'est pas toxique, mais en concentrations importantes, il peut provoquer de l'anasthésie partielle ou totale du corps. Ou du coeur.

Je dois ouvrir mon coffre-fort, trouver un fournisseur et inhaler en petites quantités ma solution-miracle. Peut-être effacerai-je ainsi tous les points d'interrogation qui parsèment mon front. Peut-être hallucinerai-je des gens éblouissants avec plein de paillettes qui me feront sourire bêtement jusqu'à la prochaine dose.

lundi 9 février 2009

Respirateur artificiel

C'est une histoire qui débute comme elle a commencé. C'est une histoire sans fin qui se termine.

J'ai les cheveux bouffis et le coeur cerné jusqu'aux côtes flottantes.

Je respire encore.

Au moins, l'espace d'un instant, je me suis sentie vivante.

samedi 7 février 2009

Vie de Verre


J'ai des tendances potomaniaques. Je peux absorber des quantités considérables de liquide, et ce, très rapidement. Étant jeune, je pouvais passer au travers de contenants entiers de jus Lipton à la pêche, qui ne semble malheureusement plus exister. Très chimique, ça a sûrement nuit à ma croissance. J'ai continué à polluer mon corps de liquides nuisibles avec une consommation excessive de Pepsi, qui n'a pas vraiment diminué depuis. Je m'appelle Janny et je suis pepsicolique. J'ai le sang brun. Plus tard, à l'adolescence, ma consommation d'alcool se traduisait par une fin de soirée romantique avec la toilette la plus proche. J'ai affiné ma capacité à consommer des boissons alcoolisées depuis, mais il m'arrive encore de lever le coude beaucoup trop rapidement. Dans mes élans de potomanie, alors que j'appréciais beaucoup le contenu du verre que je tenais, j'en suis venue à me lier d'amitié avec le contenant. Les verres. Un verre pour chaque chose, chaque occasion. Dans mon armoire, les verres qui s'y trouvent sont disparates, et c'est très bien ainsi. Chacun sa place, chacun son utilité, aucune discrimination. Les verres de plastiques multicolores pour les jus chimiques, que je choisis en fonction du plus beau mariage de couleurs jus/verre, les bucks de la Cage aux sports pour la bière, les grands verres de vitre pour le lait au chocolat, les moyens verres de vitre pour le jus d'orange du matin ou pour les rhum n' coke lors de soirées festives, les tous petits verres pour l'eau nécessaire à propulser les acétaminophènes loin dans mon corps les lendemains de veille. Tout y est, ils existent tous pour une raison, un but. Je me demande comment c'est de l'autre côté de l'armoire, lorsque je n'y suis pas. Est-ce qu'ils s'entendent tous bien ? Qui est à la tête du Conseil des verres ? Est-ce qu'ils craignent les bucks de la Cage ? Y a-t-il des verres sans scrupules ? Est-ce que certains se demandent s'ils existent d'autres sortes de verres ailleurs ? Est-ce que les verres petits-gros sont une légende pour eux, étant donné qu'il n'y en a pas dans mon armoire, puisque j'ai de trop petites mains pour les tenir efficacement ? Est-ce qu'ils vouent un culte aux tasses, situées au deuxième étage de l'armoire ? Qui est le doyen de tous ces verres ? Qui soigne les blessés ? Qui est une attention whore qui me murmure un "prends-moi, prends-moi" à chaque fois que j'ouvre la porte de l'armoire ? Que boivent-ils ? Est-ce qu'ils aiment aller faire un tour dans le lave-vaisselle ? Est-ce que ça équivaut aux glissades d'eau pour eux ou est-ce que c'est un supplice ? Est-ce qu'ils m'aiment ? Est-ce qu'ils considèrent que je bois de façon appropriée ou préfèrent-ils lorsque je les offre à un invité ?

Tant de questions auxquelles je n'ai pas de réponses. Ah, si seulement j'étais l'un d'eux, je pourrais comprendre ! Je pourrais enfin savoir ce qui se passe derrière la porte de l'armoire. Se sentir vide, se faire remplir, pour être à nouveau vidé. Se laver, pour se sentir propre à nouveau. Un cycle comme tant d'autres, un cycle qui ressemble tant aux autres.