J'observe la chasse. À défaut de capturer une proie, je vis la chasse par procuration. Même si parfois, l'envie de tirer avec ma carabine me manque, je ne me plains pas trop. La chasse, c'est un passe-temps. Et souvent, le temps passe trop vite lorsqu'on chasse. Trop facile d'atteindre notre but lorsqu'on est prêt à abattre n'importe quoi. La bête est morte, on la mange. Ça finit ainsi, trop vite. Plus de plaisir. Juste un arrière-goût étrange dans la bouche. Tout est à recommencer.
De ma cache, j'observe la chasse. Comme un tireur d'élite, je garde l'oeil ouvert, au cas où un gros animal oserait s'aventurer dans les parages. Je traque, avec paresse, en mangeant des whippets. Et si jamais une telle bête apparait, je la traquerai encore longtemps, de caches en caches, sans jamais vraiment la tuer. Je ne veux pas que la chasse s'arrête, je ne veux pas déguster la bête. Tuer le plaisir, faire naître les regrets. Je veux juste pouvoir continuer à manger des whippets, en attendant une plus grande douceur.