mercredi 26 novembre 2008

De ma cache


J'observe la chasse. À défaut de capturer une proie, je vis la chasse par procuration. Même si parfois, l'envie de tirer avec ma carabine me manque, je ne me plains pas trop. La chasse, c'est un passe-temps. Et souvent, le temps passe trop vite lorsqu'on chasse. Trop facile d'atteindre notre but lorsqu'on est prêt à abattre n'importe quoi. La bête est morte, on la mange. Ça finit ainsi, trop vite. Plus de plaisir. Juste un arrière-goût étrange dans la bouche. Tout est à recommencer.

De ma cache, j'observe la chasse. Comme un tireur d'élite, je garde l'oeil ouvert, au cas où un gros animal oserait s'aventurer dans les parages. Je traque, avec paresse, en mangeant des whippets. Et si jamais une telle bête apparait, je la traquerai encore longtemps, de caches en caches, sans jamais vraiment la tuer. Je ne veux pas que la chasse s'arrête, je ne veux pas déguster la bête. Tuer le plaisir, faire naître les regrets. Je veux juste pouvoir continuer à manger des whippets, en attendant une plus grande douceur.

samedi 22 novembre 2008

Divagations du Clavier


Je suis en suspension. Je ne cesse de me ralentir avec des virgules et de me freiner avec des points. Je me questionne, avec des gros points d'interrogation, au sujet du peu d'exclamation que j'ai présentement dans ma vie. Je ne ferme pas mes parenthèses. Je vis entre guillemets. Je veux mettre plus d'accents aigus, au lieu de mettre l'accent sur le grave, et de trop me soucier de ce qui contient le circonflexe : être, croître, connaître, paraître, renaître, âme... Je ne dois surtout pas penser au tréma, qui me cause des maux de tête juste à essayer de le créer ; ϸIϸIÏïï¨. En voilà deux plutôt qu'un, et vlan. Je veux plus de cédilles, pour rendre la vie plus douce. Plus de plus et moins de moins. Ou la nuance du plus ou moins. Ça égale quoi, tout ça ? Je ne sais pas. Chose certaine, je veux des étoiles. *** Je ne veux pas de fractions, je veux des nombres entiers, mais j'accepterais bien π pour son originalité. F4.

Je suis le chef d'orchestre d'un ensemble de touches qui, seules, ne valent pas grand chose, mais en harmonie, elles peuvent m'aider à y voir plus clair, avec le reflet de l'écran. Esc.

dimanche 16 novembre 2008

Goldfish

Des poissons agglutinés au fond d'un aquarium en osier. Je sais pas si c'est parce qu'ils étaient beaucoup, mais ça sentait drôlement le fromage. On était loin de la haute gastronomie, mais tant qu'à pouvoir s'alimenter sans se forcer, aussi bien y plonger la main. Tous oranges, tous uniformes. Pourtant, certains goûtaient meilleurs que d'autres. Certains se laissaient attraper plus facilement. Avec d'autres, il aurait fallu un plus grand attirail d'appâts et surtout, l'envie de manger du poisson timide. Trop d'arêtes. Ils étaient serrés, là, tout au fond de leur habitacle. J'ai eu une petite pensée pour ceux qui n'ont pu remonter le courant et se déverser avec les autres. Quand même, les absents, poissons ou non, au fromage ou autre, ont rarement raison. Sans avoir pu les goûter, difficile de dire s'ils laissent un goût amer de vieux Cheeze-Whiz dans la bouche.

Somme toute, la grignotine a su me sustenter. J'ai aimé aller à la pêche. Même si, peu à peu, les poissons disparaissaient à vue d'oeil. Même qu'à la fin, il n'en restait aucun. Aquarium vide de vie. Vie vide d'un petit pied qui sent le fromage.

mercredi 12 novembre 2008

Les Fontanelles de l'Existence


Le nouveau-né moyen (presque tous, en fait) nait avec ce qu'on appelle des fontanelles au niveau du crâne, il s'agit en fait d'espace membraneux servant surtout à faciliter l'accouchement. Le bébé a le coco mou, voilà, et ce jusqu'à l'âge approximatif de deux ans et demi. Ce qui fait donc qu'on pourrait facilement mouler sa tête dans un entonnoir orange (primordiale, la couleur) et faire de lui le premier véritable conehead connu de ce monde de cons (désolée, je me suis laissée emportée par la syllabe "con" (et par les parenthèses également, il faut croire.)) Mais bon, si nous voulons lancer Bébé dans le monde sans le contraindre à subir les moqueries de ces camarades de classe, vaut mieux demeurer dans le fantasme. Donc, après plus de deux ans, le mou devient dur (c'est un peu plus long à cet âge-là, qu'est-ce que vous voulez, les bébés pratiquent le tantrisme.) Les fontanelles disparaissent, laissant place à une enveloppe crânienne bien solide.

Mais qu'en est-il des fontanelles de l'Existence ? Au cours de notre vie, même si nous ne nous abreuvons plus au sein maternel, nous devons faire face à des périodes de "mou." Où tout est à former, où tout est à créer. Au travers de combien de fontanelles passons-nous dans notre vie ? Comment être certain que le "mou" est bel et bien devenu "dur", alors que rien de tout ça n'est palpable comme jadis ? Les fontanelles de l'existence ne sont pas tactiles, elles vivent au fond de nous. Certains peuvent trouver leur emplacement et jouer si fort dans notre "mou" que des petits coneheads concaves poussent à l'intérieur de nous. Nous ne voulons certainement pas de ces entités dans notre corps. Tout est toujours à reconstruire. Les questionnements amènent le doute, mais le doute amène la connaissance. Et la connaissance, et bien... ça amène d'autres questionnements. Les fontanelles évoluent, au fond. Il y a peut-être plus nuancé que le mou et le dur. Du semi-mou, du semi-dur, on a déjà vu ça dans d'autres circonstances.

Est-ce que la fontanelle du début de l'âge adulte est celle qui prend plus de temps à durcir ? J'aimerais qu'elle se solidifie avant d'être envahie. On élimine ça comment, des coneheads ? Avec un presse-agrumes en argent ?

dimanche 9 novembre 2008

Les Montagnes Préhistoriques

Lors d'interminables périples routiers au travers de régions montagneuses, je me mets rapidement à rêvasser, le regard fixé vers l'extérieur. Je ne sais pas si c'est dû aux courbatures atroces qui me turlupinent tout au long du voyage et qui m'amènent à vouloir quitter mon enveloppe corporelle, et du même coup "mon gros bon sens", mais je me plais à croire les montagnes recouvrant nos terres ne sont rien de moins que des dinosaures endormis. Ou d'autres sortes de monstres d'une ère fort fort lointaine. La montagne, celle que l'on voit, serait en fait le dos de la bête, les arbres s'y trouvant représenteraient les poils hirsutes de cette dernière et animaux et humains, d'infectes parasites. Lesdites Montagnosaures se sont même adaptées au climat du pays où elles se trouvent. Au Nord, le poil des bêtes est moins hirsute et beaucoup plus dense, ce qui fait qu'on a l'impression que la montagne est recouverte d'une espèce de mousse, mais il n'en est rien. Elle ne veut tout simplement pas avoir froid. Peut-être qu'au fond, les tremblements de terre sont dus aux ronflements des montagnes-dinosaures. Combien de temps resteront-ils bien endormis ? Nul ne le sait.

Ne soyons pas dupes, restons vigilants, on ne sait jamais quand les Montagnosaures vont se réveiller et se venger de nous, qui les avons vêtis de ceintures de pylônes. Ce n'est peut-être pas à la mode, chez les dinosaures. Ne faisons pas de bruit, laissons-les dormir.

Laissez-moi rêver.